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Historique du stress et du trauma


Le stress se définit dans le langage courant comme une pression, une contrainte ou un surmenage. Cependant, le stress ne peut être abordé comme un événement isolé intervenant sur l’organisme. Le stress se rapproche plutôt d’un processus psychosomatique qui implique une situation et un environnement particulier qui va interagir avec l’organisme qui devra s’y adapter.

Histoire du stress

            C’est vers la fin du XIXème siècle et au début du XXème siècle que le concept d'homéostasie et la biologie des ressentis et des émotions sont devenus assez pointus pour créer le concept du stress.

            Le concept d'homéostasie se développe grâce aux travaux de Claude Bernard : « Tous les mécanismes vitaux, aussi variables soient-ils, n'ont qu'un seul objectif, celui de préserver constantes les conditions de vie de l'environnement interne » (Claude Bernard 1878).

            En 1927, W. B. Cannon défend que les émotions seraient à l’origine cognitives et non viscérales.

            La notion de stress a été proposé par l’endocrinologue canadien Hans Selye suite à son travail sur le syndrome général d’adaptation (SGA). C'est en 1950 qu’il décrivit le SGA qu’il appellera : stress. Selye découvre que tout agent stressant susceptible de perturber l'homéostasie de l'individu, déclenche une série de réactions visant à la rétablir.

            Le stress se définit donc à partir du primat du corps biologique et appartient en premier lieu au domaine de la biologie et de la psychologie.

Selye décrit trois étapes successives du stress :

-          La phase d'alarme, le sujet réagit par une excitation orthosympathique généralisée qui s'accompagne d'une activation du cortex surrénalien avec décharge de glucocorticoïdes.

-          La phase d'adaptation apparait quand le stress perdure et quand l'organisme retrouve un nouvel état d'équilibre face à l'agent anxiogène.

-          La phase d'épuisement lorsque le sujet reste soumis au stress. Ce stade surviendrait, selon Selye, lorsque l'organisme a dépensé toute son énergie d'adaptation sous l'action exagérément prolongée du stress.

 

            Vers le dernier quart du XXème siècle l’accent fût mis sur la recherche de marqueurs spécifique d’entité biologique et clinique permettant de valider des troubles psychiatriques, comme nous le verrons plus bas dans le cas particulier du test de suppression à la dexaméthasone et le test d’inhibition à la Métopirone qui viennent appuyer l’hypothèse diagnostique de troubles d’état de stress post-traumatique.

            Aussi, les connaissances de plus en plus poussées en neurologie, en endocrinologie et en immunologie ont permis de mettre en évidence des liens de plus en plus précis entre ces différents systèmes.

            Le système nerveux, endocrinien et immunitaire constituent en réalité un vaste ensemble en interaction constante.

Du traumatisme au trauma

L’intérêt de la psychiatrie pour le traumatisme est impulsé par Jean-Martin Charcot qui évoque pour ses études sur l’hystérie des descriptions de médecins londoniens entre 1866 et 1873 qui avaient décrit les atteintes du système nerveux commises par des chocs violents liés aux accidents de train. Les techniques exploratoires de l’époque ne permettent pas d’objectiver ses lésions neurologiques mais ouvrent la voie à de nombreuses recherches. C’est le psychiatre allemand Hermann Oppenheim qui désignera par le nom de « névrose traumatique » le syndrome lié aux accidents ferroviaires.

 

                        A l’époque, les recherches sur la névrose traumatique permettent de nourrir la compréhension de la pathologie maitresse du moment : l’hystérie.  Pierre Janet introduit l’idée qu’un traumatique psychique est à l’origine de l’hystérie. L’hystérie serait donc une réaction psychologique due à un traumatisme externe. Freud lui, limitera le traumatisme à la sphère du sexuel. Selon lui, l’hystérique est déjà malade du sexuel avant de faire la rencontre d’un abus qui déclenchera les divers symptômes de l’hystérie. Contrairement à lui, Pierre Janet pense que tous les événements sont potentiellement traumatiques. L’événement traumatique est une occasion de révélation du sexuel qui est déjà traumatique dans l’inconscient. Pour la psychanalyse, le traumatisme est donc déjà présent bien avant qu’il ne puisse se révéler. : « ... le terme “traumatique” n’a pas d’autre sens qu’un sens économique. Nous appelons ainsi un événement vécu qui, en l’espace de peu de temps, apporte dans la vie psychique un tel surcroît d’excitation que sa suppression ou son assimilation par les voies normales devient une tâche impossible, ce qui a pour effet des troubles durables dans le fonctionnement énergétique »[1], l’économie psychique du trauma est ainsi conceptualisée. Freud montre bien que le trauma représente non pas l’élément extérieur (la situation traumatique) mais plutôt une force intérieure qui face à certaines situations ou à certains fantasmes produira des manifestations pathologiques que la psychiatrie décrira dans tous les manuels diagnostiques.

 

            En 1952, le “Gross stress reaction” fait son entrée dans le DSM I.

            En 1968, dans le DSM II apparait le diagnostic de “réaction situationnelle”.

            En 1980, c’est dans la 3ème édition du DSM que figure pour la première fois le diagnostic de TSPT.

            En 1994 : des modifications du diagnostic de TSPT se précisent dans le DSM-IV, notamment le fait qu’être témoin peut être traumatique. Apparait également dans cette 4ème édition, l’état de stress aigu (ESA).[2]

 

Dans le DSM V (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux), la 5ème édition de 2015, les critères diagnostiques, pour le trouble de stress post-traumatique 309.81 (F-43-10), pour les adultes, les adolescents et les enfants de plus 6 ans sont :

            Critères A : Avoir été confronté à la mort ou à une menace de mort, à une blessure grave ou à des violences sexuelles.

            Critères B : Présence d’un ou plusieurs symptômes d’intrusion suivants associés à un ou plusieurs événements traumatisants, qui sont apparus après que le ou les événements traumatisants se sont produits.

            Critères C : Évitement persistant des stimuli associés à un ou plusieurs événements traumatiques, ayant débuté après que celui-ci ou ceux-ci se sont produits

            Critères D : Altérations des cognitions et de l’humeur associées à un ou plusieurs événements traumatiques, qui ont commencé ou ont empiré après la survenue du ou des événements traumatiques.

            Critère E : Profondes modifications de l’état d’éveil et de la réactivité associées à un ou plusieurs événements traumatiques, qui ont commencé ou ont empiré après que l’événement traumatisant s’est produit.

            Critère F : La perturbation (les symptômes décrits aux critères B, C, D et E) dure plus d’un mois.

            Critère G : La perturbation entraîne une souffrance cliniquement significative ou une incapacité importante dans les dimensions sociale, professionnelle, ou toute autre dimension importante du fonctionnement.

            Critère H : La perturbation n’est pas attribuable aux effets physiologiques d’une substance (par ex. médicament ou alcool) ou à une autre affection.

 

[1] Freud S., Introduction à la psychanalyse (1916-1917), dans Didier Fassin, Richard Rechtman, L’empire du traumatisme : Enquête sur la condition de victime, Flammarion, 2007

[2] Guay Stéphane, ph. D, Trouble de stress post-traumatique et de stress aigu, Université de Montréal, http://www.iusmm.ca/documents/Guay-IUSMM-DSM5-Fev2016.pdf